Sorry for english speaker but I not good enought for traduct an whole story (obviously!)
Bonne lecture et à plus :) n'hésitez pas à commenter.
Le fantôme :
Je
suis fantôme. C'est une situation pour le moins atypique, et très
peu sûre au vue de la conjoncture actuelle. Pourquoi moi, alors que
d'autres, d'un sommeil de plomb, jonchent les sols paisibles,
entretenus et fleuris avec goût des cimetières public ? Après
presque deux siècles d'exercice, je n’ai toujours pas trouvé de
réponse à cette question. Une hypothèse s'est tout de même formée
dans le vide imperceptible de mon crâne.
Nous
ne sommes que quelques uns à endosser la tâche ingrate de spectre
officiel. Certain, prenant leur profession très au sérieux, se sont
installés entre les quatre murs d'une vieille battisse, et se
sentent investis de la mission de la hanter du mieux qu'ils peuvent.
Ils s'amusent donc à faire bouger les meubles, ouvrir les fenêtres
en pleine nuit, à faire claquer les portes et faire résonner leurs
pas lourds sur le parquet grinçant d'un vieux grenier poussiéreux;
ainsi que d'autre légères plaisanteries maladroites, qui font
s'entrechoquer leurs mâchoires décharnées. Quant à moi, ma vie de
mort est plus calme.
La
pire inaction que j’eus commise, fus de cacher les clefs de maison
d'un vieil homme rabougri et perclus de rhumatismes. Je m'étais
amusé à regarder ce pauvre homme se torde le corps et l'esprit à
les chercher. Puis au bout d'une demie-heure de recherche acharné,
lorsqu'il se laissa tomber dans son canapé, tremblant et la sueur
perlant sur son front plissé, j’eus pitié de lui, je lui laissa
les trouver juste devant lui et cessa à jamais d'être un fantôme
hanteur.
Après
quelques années de recherche, j'avais finalement réussi à me
retrouver. Vous imaginez sans peine quel ne fut pas ma surprise en
découvrant, le plus stoïquement du monde, ma propre sépulture. Une
simple pierre tombale usée par les années et dont l'entretien
laissait à désirer: " Ici gît Rodolphe De Maisonnette ".
C'est ainsi que j'appris, après 104 années d’errance
fantomatique, mon propre nom, et que je me rendis à l'évidence,
tout en comparant ma tombe à celle de mes congénères déjà DCD,
que mon métier de fantôme n'avait pas commencer qu'à ma mort. À
la droite de mon corps, dont je préférais ignorer la lente et
dégradante décomposition, se trouvait une : " À notre bien
aimée Béatrice, nous t'aimerons toujours" et à ma gauche un :
" Pour celui qui fût un fils, un époux et un père formidable.
Repose en paix. "
Alors
que je relisais ma courte et terne nécrologie : " Ici gît
Rodolphe De Maisonnette. ", je compris mieux l'absence de fleurs
ou de quelques ornements funèbres. Même si celle-ci aurait pu être
expliquée par le décès de tous mes proches, à leur tour depuis
fort longtemps, le peu d'application dans la rédaction de mon élégie
ne laissait que l'option, peu probable, d'un illettrisme général
qui aurait expliqué ce peu d'éloquence. Ma vie me semblais avoir
été aussi vide et inutile que ma mort.
Il
me revenais parfois quelques bribes de ma vie, sous forme d'images
flous et incompréhensibles qui me traversaient l'esprit, sans pour
autant s'y attarder ou y laisser la moindre trace. Et malgré le vide
perceptible que me laissais le manque de passé quelconque, je ne pu
me contraindre à plus de recherche. J'hésitais entre la peur de
découvrir pires conditions de vie que me laissais entrevoir ce
premier indice, et le remord intense d'avoir perdu une vie qui
m'aurait été chère. Puis avec le temps, je finis par oublier qu'il
y eu quoi que ce soit avant.
En
discutant avec le peu de spectre dont les neurones précaires n'aient
pas succombé à la solitude invisible et au silence criant de notre
condition, je me suis rapidement rendu compte du peu d'intérêt de
leurs vies avant cet état de chose. Il m'a donc fallu conclure au
caractère redondant des profils choisi pour cette mission. Avec le
temps ; même si celui-ci, contrairement aux vivants, ne
m'accorde pas le bénéfice de l’amélioration continu de soi ;
j'ai tout de même pu former l'hypothèse que ma condition devait
s'apparenter à une forme de punition. Plus que d'avoir été un
mauvais vivant en laissant visiblement le temps me transformer en
cette pierre tombale dénuée d’intérêt, il m'a donc été
infligé de demeurer à jamais un aussi mauvais mort, en me laissant
errer sur terre sans but et sans espoir d'un repos futur. Mais se
serait faire trop d'honneur à celui qui inflige un tel bannissement
que de considérer celui-ci comme un quelconque mérite qui ferait de
moi un être à part et privilégié. Ma vie de fantôme se résume
donc à l’errance inutile dans tous les coins solitaires de ce
monde. Dénué de sentiments, le fantôme devient donc totalement
indifférent aux beautés, aux joies, et aux différents attraits
d'une mort de célibataire.
Mon
seul plaisir, outre l'amusement constant mais superflus que me
fournis les avancés technologiques, est d'observer les caractères
de l'humain en perpétuel évolution. Ce fus donc un choix avisé et
tout à fait naturel d'installer le centre de mes observations dans
la cage aseptisée d'un ascenseur d'hôpital. Je ne hante pas dans le
sens premier du terme, je me refuse à ces bassesses si communes dans
ma profession, je ne fais qu'observer. On peut difficilement
s'imaginer, lorsque l'on n'est pas dans ma position, du nombre
impressionnant de personnes différentes qui se pressent dans un
ascenseur d'hôpital. Tous, en effet, même si nous espérons le plus
tard possible, il vient inéluctablement le jour ou nous passons une
partie de notre vie dans un hôpital; et par conséquent, dans
l’ascenseur. Car il ne faut pas croire que je ne croise que
handicapés, éclopés et fainéants, non. Le lieu même fait abattre
sur les gens alentour une lenteur et une fatigue inexplicable qui
leurs interdis le moindre effort physique, comprenant celui de
prendre l'escalier. J'ai donc de toutes les personnalités pour
établir une étude concrète et sérieuse du genre humain et de son
évolution dans le temps. L'aspect important d'un ascenseur, est que
l'étroite proximité des différents corps fait agirent les
différents protagonistes d'une manière tout à fait originale et
unique; ou au contraire l'absence de contact humain les laissent
découvrir d'eux même des facettes tout à fait intéressantes. Je
m'explique: il est toujours d'un grand divertissement et d'une grande
surprise de voir comment se comporte une personne qui se crois seule.
Du
premier ministre cravaté à la boulangère à la poitrine généreuse,
tous sont égaux dans cette déchéance sociale qui se révèle lors
de la pseudo solitude d'un ascenseur.
Chacun
selon son habitude, se dandine et se déhanche sur un disco
imaginaire, hurle de rage sur un patron absent ou exécute avec
autant d'adresse que possible des tours de contorsion afin de
soulager une démangeaison soudaine sous la plante du pied, entre les
deux omoplates ou au plis du genoux serré dans un jean étriqué; et
ce, tout en gardant un œil sur le cadran des étages qui défilent.
Oui,
il n'y à pas de doute, cette cage d’ascenseur est une source de
divertissement et d'intérêt sans fin. Mais je dois bien confesser
qu'au bout de quelques 168 ans passé dans ces petits endroits
étriqués, il me manque un je-ne-sais-quoi.
Un
lundi au hasard, qui est généralement le jour de grande affluence,
alors qu'un chirurgien très fier de lui-même se décrottait le nez
avec autant d'élégance qu'il est humainement possible de faire
preuve, entra au rez-de-chaussée une petite personne qui semblait
perdu. Au moment où les portes s'ouvrirent, l'éminent chirurgien,
essuya discrètement son doigt sur son bel habit blanc et sourit
largement à cette nouvelle venue. Elle esquissa un sourire. Je ne
m'en souvenais pas de plus sincère ni de plus beau. Généralement
le sourire en coin et esquissé en témoignage de salutation, avec
autant de résistance et de méfiance que de politesse forcée. Dans
le sien, aucune forme de mépris ou de quelconque dédain si
inscrivait. Elle appuya sur le bouton du 5ème et se retourna face
aux portes. Le chirurgien la regarda d'une manière qui me déplus,
et bien que ce regard devait se ressentir même dos à lui, elle n'y
prêta pas la moindre attention. Ma curiosité m'entraînant, je me
plaça juste devant elle. Le chirurgien descendit au premier étage,
et personne ne monta. J'avais donc potentiellement quatre étages
d'observation d'un état d'enfermement solitaire sur une personne qui
avait semblé de prime abord des plus convenable mais aussi des plus
intrigante qui fus depuis longtemps. Les portes se référèrent,
mais rien. Rien ne se passa de plus, que ce qui c'était déjà
passé. Au moment ou généralement les personnes se relâchent et
montrent une attitude totalement différente de celle guindée et
empruntée que l'on aime montrer en société, elle resta
parfaitement se qu'elle fut en entrant. Je ne dirais pas qu'elle ne
faisait rien, mais quoi qu'elle faisait, elle le faisait avec une
humanité et une complétude fascinante. Elle ne regardait ni ses
pieds, ni le cadran des étages afin de détourner son regard, ou le
contraindre par la malice. Elle était juste là. Elle ne cherchait
ni a fuir ni a s'imposer. D'un geste aussi sensuel que charmant, elle
repoussa derrière son oreille une mèche de cheveux qui lui tombait
devant les yeux. Pendant quelques secondes, et pour la première
fois, je cru ressentir le léger palpitement de mon cœur dans ma
poitrine vide. J'en oubliai presque qu'il m'étais devenu impossible
d'aimer. Les portes s'ouvrirent, elle sortit. De nouveau seul dans la
cage d’ascenseur je la regardais s'éloigner dans l'un de ces
interminables couloirs. Les portes se refermèrent. Alors que le cage
commençait déjà à redescendre, je me décidai puis passai a
travers cette porte que je n'avais plus franchis depuis des années.
Mon corps sans os se disloqua a travers la porte et se retrouva
coincé entre le plancher du 5ème étage et le vide qui le séparait
du 4ème. Je me hissai alors jusque sur le sol du 5ème étage et la
cherchai du regard. Je fus étonné de constater les changements
opérés a ces couloirs lors des dernières décennies. J'avais déjà
pu, du fond de ma cage d’ascenseur, remarquer le raccourcissement
progressif des jupes et de la décente inexplicable des pantalons au
niveau des cuisses, mais se n'est qu'une fois hors de l’ascenseur,
où j'étais rester cloîtrer depuis bien trop longtemps, que je
m’aperçus réellement des changements opérés a ce lieu qui
m'était si commun. Je reconnu finalement son dos alors qu'elle
entrait dans une des nombreuses pièces, et la suivi. La chambre
était plongée dans le noir, et une odeur aigre vînt agresser mes
narines, mais elle n'y prêta pas attention. Elle ouvrit les rideaux.
Le soleil s’engouffra dans la pièce faisant légèrement gémir
une vielle dame allongée sur son lit. " Désoler mamie"
s'excusa la jeune femme qui les avaient ouverts. Je l'observais alors
qu'elle s’assit au bord du lit. Elle pris tendrement la main de la
vielle dame, lui caressa la joue, redressa son oreiller, puis fini
par dire d'une voie des plus douces. "Comment vas-tu
aujourd'hui?". Il s'en suivit un interminable monologue de
jérémiades et de plaintes en tous genres que lui débita la vielle
dame entre-coupé de quintes de toux et de raclements de gorge. La
jeune femme lui tînt la main tout le temps, elle ne la coupa sous
aucun prétexte et se garda même de commenter ses dires. Je ne
m'attardai pas sur le monceau d'absurdité impressionnant que la
vielle dame trouvait à dire, même si cette situation me rappelais
étrangement que je dus être moi même être aussi pitoyable avant
de mourir. J’espérais ne pas avoir été aussi ridiculement faible
et malade, et je me félicitait d'une hypothétique mort en héro sur
le champs de bataille dans la vigueur et la beauté de la jeunesse.
Le soleil commençait a décliner et sa lumière orangé venait faire
danser des ombres sur le visage de la jeune femme. Une envie aussi
irrépressible qu’irréfléchie de lui prouver ma présence me
vînt. Il le fallait. Il fallait qu'elle sache que j’étais là. Je
m'approchais d'elle et caressai lentement sa chevelure. L’élastique
qui retenait sa masse de cheveux en un chignon asymétrique se rompis
et les laissa glisser le long de sa nuque. Elle sursauta légèrement
et frémis sous mes doigts. Je lui avait fait peur. Quel sot!
Elle
resta jusqu'à que les infirmières l'informe, avec le moins de
douceur possible, qu'elle n'était plus autorisé a rester passer
vingt heures. Pour une raison qui m'échappais, je ne pus faire
autrement que de la suivre. Après avoir gravit derrière elle les
trois étages d'un petit immeuble, je découvris ému l'intérieur de
son appartement. C’était comme si il m'avait été donné de
regarder en elle, au plus profond d'elle même. Alors plus rien ne
mettais caché je connaissais tout de ses pensées les plus intimes
et les plus secrètes, et chacun de ses fantasmes, chacune de ses
peurs, chacun de ses rêves étaient pour moi un délice, un
ravissement permanent pour mon âme qui selon toute vraisemblance
semblait a nouveau ressentir. Je passais une semaine a décrire ses
formes, a surveiller le moindre de ses gestes, a scruter toutes ses
manies, ses tics et chaque expressions exagérées de son visage. Je
l'avais observé cent fois allumer la cafetière puis se caler au
fond de son vieux fauteuil, un livre a la main. Je l'avais suivit
chaque jour ou qu'elle aille, simplement pour voir ses cheveux
onduler a chaque brise. Je la désirais. J'aurais voulu lui parler,
la toucher, sentir son parfum sur moi et enfin pouvoir lui dire tout
cela sans l'entrave de la mort. Le sacrifice était grand mais je ne
pouvais plus supporter calmement sa présence. Partager la même
pièce était devenu impossible. Rien ne pouvait lui faire comprendre
que j'étais là, rien aurait pu lui laisser imaginer l'intensité et
la folie de mon amour pour elle. Je l'a laissais, un jour qu'il
pleuvait. Elle était seule. Seule, et moi je partais. Elle resta
assise dans son fauteuil alors que mon corps passa a travers la
porte. Elle ne bougea pas. Je crois que c'est ce qui fût le plus
dur. J'aurais peut être préféré des larmes, une séparation dans
le bruit, les cries et les gémissements sonores d'une femme trompée,
abusée et abandonnée, mais rien. Je partais, seul, sachant qu'elle
n'avait pas su et ne saurait jamais.
J'étais
de retour dans cette cage d’ascenseur aux quatre murs si commun,
qui enfermait a nouveau mon âme solitaire. Je ne prêtais plus
attention aux corps qui se précipitaient a l'intérieur, puis se
bousculaient en sortant. Un matin parmi d'autre, un parfum envahi
soudain l’habitacle, une odeur douce et sucrée, un plaisir
olfactive sensuel et déroutant. C'était elle. Elle était plus
belle que jamais. Nous étions a nouveau seuls dans la cage comme au
tout premier moment. Elle semblait ressentir une certaine gêne au
vue de cette intimité soudaine de nos deux corps si proche l'un de
l'autre. Le sien, si frais et plein de vie et le mien, inexistant et
décrépis. Un léger tremblement traversa son corps, et alors que
les portes s'ouvraient et au moment ou elle sortait, elle se
retourna, chercha du regard quelque chose, ou quelqu'un au fond de
cette cage d’ascenseur vide, qu'elle ne trouva pas. Les portes se
refermaient déjà et je cru bien, l'espace d'un instant, croiser son
regard pour la première fois. Elle écarquilla les yeux, entrouvrit
la bouche comme pour parler, mais trop tard, les portes s'étaient
déjà refermées. Je sentis alors mon corps se disloquer, s'éteindre
lentement puis disparaître totalement. Pas d’étincelante lumière,
pas de tunnel a traverser, rien de douloureux, pas de flammes n'y de
nuages blanc. Je partais. J'étais en paix, plus aucune souffrance ne
me tourmentais. Les questions qui autrefois m'assaillais se turent
soudainement. Puis je compris enfin pourquoi j'étais ainsi. Je
compris que la seule raison de mon état de chose était « Elle ».
On m'avais donné la possibilité d'entrevoir l'amour que je n'avais
pu trouver de mon vivant. Ma mort serait désormais douce, car quel
qu’en soit son but, je savais que je n'avais désormais plus qu'à
l'attendre pour exister de nouveau.
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