mercredi 14 octobre 2015

Le fantôme

Bonjour. Et oui je persiste (pour qu'elle raison... ça je verrais plus tard). Voici une nouvelle donc le titre est très explicite, et oui car ça va parler...... d'un FANTOME. Qu'elle surprise, donc je l'ai logiquement nommé... ba.... le fantôme (si ça c'est pas bien trouver!)
Sorry for english speaker but I not good enought for traduct an whole story (obviously!)
Bonne lecture et à plus :) n'hésitez pas à commenter.





Le fantôme :


Je suis fantôme. C'est une situation pour le moins atypique, et très peu sûre au vue de la conjoncture actuelle. Pourquoi moi, alors que d'autres, d'un sommeil de plomb, jonchent les sols paisibles, entretenus et fleuris avec goût des cimetières public ? Après presque deux siècles d'exercice, je n’ai toujours pas trouvé de réponse à cette question. Une hypothèse s'est tout de même formée dans le vide imperceptible de mon crâne.
Nous ne sommes que quelques uns à endosser la tâche ingrate de spectre officiel. Certain, prenant leur profession très au sérieux, se sont installés entre les quatre murs d'une vieille battisse, et se sentent investis de la mission de la hanter du mieux qu'ils peuvent. Ils s'amusent donc à faire bouger les meubles, ouvrir les fenêtres en pleine nuit, à faire claquer les portes et faire résonner leurs pas lourds sur le parquet grinçant d'un vieux grenier poussiéreux; ainsi que d'autre légères plaisanteries maladroites, qui font s'entrechoquer leurs mâchoires décharnées. Quant à moi, ma vie de mort est plus calme.
La pire inaction que j’eus commise, fus de cacher les clefs de maison d'un vieil homme rabougri et perclus de rhumatismes. Je m'étais amusé à regarder ce pauvre homme se torde le corps et l'esprit à les chercher. Puis au bout d'une demie-heure de recherche acharné, lorsqu'il se laissa tomber dans son canapé, tremblant et la sueur perlant sur son front plissé, j’eus pitié de lui, je lui laissa les trouver juste devant lui et cessa à jamais d'être un fantôme hanteur.
Après quelques années de recherche, j'avais finalement réussi à me retrouver. Vous imaginez sans peine quel ne fut pas ma surprise en découvrant, le plus stoïquement du monde, ma propre sépulture. Une simple pierre tombale usée par les années et dont l'entretien laissait à désirer: " Ici gît Rodolphe De Maisonnette ". C'est ainsi que j'appris, après 104 années d’errance fantomatique, mon propre nom, et que je me rendis à l'évidence, tout en comparant ma tombe à celle de mes congénères déjà DCD, que mon métier de fantôme n'avait pas commencer qu'à ma mort. À la droite de mon corps, dont je préférais ignorer la lente et dégradante décomposition, se trouvait une : " À notre bien aimée Béatrice, nous t'aimerons toujours" et à ma gauche un : " Pour celui qui fût un fils, un époux et un père formidable. Repose en paix. "
Alors que je relisais ma courte et terne nécrologie : " Ici gît Rodolphe De Maisonnette. ", je compris mieux l'absence de fleurs ou de quelques ornements funèbres. Même si celle-ci aurait pu être expliquée par le décès de tous mes proches, à leur tour depuis fort longtemps, le peu d'application dans la rédaction de mon élégie ne laissait que l'option, peu probable, d'un illettrisme général qui aurait expliqué ce peu d'éloquence. Ma vie me semblais avoir été aussi vide et inutile que ma mort.
Il me revenais parfois quelques bribes de ma vie, sous forme d'images flous et incompréhensibles qui me traversaient l'esprit, sans pour autant s'y attarder ou y laisser la moindre trace. Et malgré le vide perceptible que me laissais le manque de passé quelconque, je ne pu me contraindre à plus de recherche. J'hésitais entre la peur de découvrir pires conditions de vie que me laissais entrevoir ce premier indice, et le remord intense d'avoir perdu une vie qui m'aurait été chère. Puis avec le temps, je finis par oublier qu'il y eu quoi que ce soit avant.
En discutant avec le peu de spectre dont les neurones précaires n'aient pas succombé à la solitude invisible et au silence criant de notre condition, je me suis rapidement rendu compte du peu d'intérêt de leurs vies avant cet état de chose. Il m'a donc fallu conclure au caractère redondant des profils choisi pour cette mission. Avec le temps ; même si celui-ci, contrairement aux vivants, ne m'accorde pas le bénéfice de l’amélioration continu de soi ; j'ai tout de même pu former l'hypothèse que ma condition devait s'apparenter à une forme de punition. Plus que d'avoir été un mauvais vivant en laissant visiblement le temps me transformer en cette pierre tombale dénuée d’intérêt, il m'a donc été infligé de demeurer à jamais un aussi mauvais mort, en me laissant errer sur terre sans but et sans espoir d'un repos futur. Mais se serait faire trop d'honneur à celui qui inflige un tel bannissement que de considérer celui-ci comme un quelconque mérite qui ferait de moi un être à part et privilégié. Ma vie de fantôme se résume donc à l’errance inutile dans tous les coins solitaires de ce monde. Dénué de sentiments, le fantôme devient donc totalement indifférent aux beautés, aux joies, et aux différents attraits d'une mort de célibataire.
Mon seul plaisir, outre l'amusement constant mais superflus que me fournis les avancés technologiques, est d'observer les caractères de l'humain en perpétuel évolution. Ce fus donc un choix avisé et tout à fait naturel d'installer le centre de mes observations dans la cage aseptisée d'un ascenseur d'hôpital. Je ne hante pas dans le sens premier du terme, je me refuse à ces bassesses si communes dans ma profession, je ne fais qu'observer. On peut difficilement s'imaginer, lorsque l'on n'est pas dans ma position, du nombre impressionnant de personnes différentes qui se pressent dans un ascenseur d'hôpital. Tous, en effet, même si nous espérons le plus tard possible, il vient inéluctablement le jour ou nous passons une partie de notre vie dans un hôpital; et par conséquent, dans l’ascenseur. Car il ne faut pas croire que je ne croise que handicapés, éclopés et fainéants, non. Le lieu même fait abattre sur les gens alentour une lenteur et une fatigue inexplicable qui leurs interdis le moindre effort physique, comprenant celui de prendre l'escalier. J'ai donc de toutes les personnalités pour établir une étude concrète et sérieuse du genre humain et de son évolution dans le temps. L'aspect important d'un ascenseur, est que l'étroite proximité des différents corps fait agirent les différents protagonistes d'une manière tout à fait originale et unique; ou au contraire l'absence de contact humain les laissent découvrir d'eux même des facettes tout à fait intéressantes. Je m'explique: il est toujours d'un grand divertissement et d'une grande surprise de voir comment se comporte une personne qui se crois seule.
Du premier ministre cravaté à la boulangère à la poitrine généreuse, tous sont égaux dans cette déchéance sociale qui se révèle lors de la pseudo solitude d'un ascenseur.
Chacun selon son habitude, se dandine et se déhanche sur un disco imaginaire, hurle de rage sur un patron absent ou exécute avec autant d'adresse que possible des tours de contorsion afin de soulager une démangeaison soudaine sous la plante du pied, entre les deux omoplates ou au plis du genoux serré dans un jean étriqué; et ce, tout en gardant un œil sur le cadran des étages qui défilent.
Oui, il n'y à pas de doute, cette cage d’ascenseur est une source de divertissement et d'intérêt sans fin. Mais je dois bien confesser qu'au bout de quelques 168 ans passé dans ces petits endroits étriqués, il me manque un je-ne-sais-quoi.
Un lundi au hasard, qui est généralement le jour de grande affluence, alors qu'un chirurgien très fier de lui-même se décrottait le nez avec autant d'élégance qu'il est humainement possible de faire preuve, entra au rez-de-chaussée une petite personne qui semblait perdu. Au moment où les portes s'ouvrirent, l'éminent chirurgien, essuya discrètement son doigt sur son bel habit blanc et sourit largement à cette nouvelle venue. Elle esquissa un sourire. Je ne m'en souvenais pas de plus sincère ni de plus beau. Généralement le sourire en coin et esquissé en témoignage de salutation, avec autant de résistance et de méfiance que de politesse forcée. Dans le sien, aucune forme de mépris ou de quelconque dédain si inscrivait. Elle appuya sur le bouton du 5ème et se retourna face aux portes. Le chirurgien la regarda d'une manière qui me déplus, et bien que ce regard devait se ressentir même dos à lui, elle n'y prêta pas la moindre attention. Ma curiosité m'entraînant, je me plaça juste devant elle. Le chirurgien descendit au premier étage, et personne ne monta. J'avais donc potentiellement quatre étages d'observation d'un état d'enfermement solitaire sur une personne qui avait semblé de prime abord des plus convenable mais aussi des plus intrigante qui fus depuis longtemps. Les portes se référèrent, mais rien. Rien ne se passa de plus, que ce qui c'était déjà passé. Au moment ou généralement les personnes se relâchent et montrent une attitude totalement différente de celle guindée et empruntée que l'on aime montrer en société, elle resta parfaitement se qu'elle fut en entrant. Je ne dirais pas qu'elle ne faisait rien, mais quoi qu'elle faisait, elle le faisait avec une humanité et une complétude fascinante. Elle ne regardait ni ses pieds, ni le cadran des étages afin de détourner son regard, ou le contraindre par la malice. Elle était juste là. Elle ne cherchait ni a fuir ni a s'imposer. D'un geste aussi sensuel que charmant, elle repoussa derrière son oreille une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux. Pendant quelques secondes, et pour la première fois, je cru ressentir le léger palpitement de mon cœur dans ma poitrine vide. J'en oubliai presque qu'il m'étais devenu impossible d'aimer. Les portes s'ouvrirent, elle sortit. De nouveau seul dans la cage d’ascenseur je la regardais s'éloigner dans l'un de ces interminables couloirs. Les portes se refermèrent. Alors que le cage commençait déjà à redescendre, je me décidai puis passai a travers cette porte que je n'avais plus franchis depuis des années. Mon corps sans os se disloqua a travers la porte et se retrouva coincé entre le plancher du 5ème étage et le vide qui le séparait du 4ème. Je me hissai alors jusque sur le sol du 5ème étage et la cherchai du regard. Je fus étonné de constater les changements opérés a ces couloirs lors des dernières décennies. J'avais déjà pu, du fond de ma cage d’ascenseur, remarquer le raccourcissement progressif des jupes et de la décente inexplicable des pantalons au niveau des cuisses, mais se n'est qu'une fois hors de l’ascenseur, où j'étais rester cloîtrer depuis bien trop longtemps, que je m’aperçus réellement des changements opérés a ce lieu qui m'était si commun. Je reconnu finalement son dos alors qu'elle entrait dans une des nombreuses pièces, et la suivi. La chambre était plongée dans le noir, et une odeur aigre vînt agresser mes narines, mais elle n'y prêta pas attention. Elle ouvrit les rideaux. Le soleil s’engouffra dans la pièce faisant légèrement gémir une vielle dame allongée sur son lit. " Désoler mamie" s'excusa la jeune femme qui les avaient ouverts. Je l'observais alors qu'elle s’assit au bord du lit. Elle pris tendrement la main de la vielle dame, lui caressa la joue, redressa son oreiller, puis fini par dire d'une voie des plus douces. "Comment vas-tu aujourd'hui?". Il s'en suivit un interminable monologue de jérémiades et de plaintes en tous genres que lui débita la vielle dame entre-coupé de quintes de toux et de raclements de gorge. La jeune femme lui tînt la main tout le temps, elle ne la coupa sous aucun prétexte et se garda même de commenter ses dires. Je ne m'attardai pas sur le monceau d'absurdité impressionnant que la vielle dame trouvait à dire, même si cette situation me rappelais étrangement que je dus être moi même être aussi pitoyable avant de mourir. J’espérais ne pas avoir été aussi ridiculement faible et malade, et je me félicitait d'une hypothétique mort en héro sur le champs de bataille dans la vigueur et la beauté de la jeunesse. Le soleil commençait a décliner et sa lumière orangé venait faire danser des ombres sur le visage de la jeune femme. Une envie aussi irrépressible qu’irréfléchie de lui prouver ma présence me vînt. Il le fallait. Il fallait qu'elle sache que j’étais là. Je m'approchais d'elle et caressai lentement sa chevelure. L’élastique qui retenait sa masse de cheveux en un chignon asymétrique se rompis et les laissa glisser le long de sa nuque. Elle sursauta légèrement et frémis sous mes doigts. Je lui avait fait peur. Quel sot!
Elle resta jusqu'à que les infirmières l'informe, avec le moins de douceur possible, qu'elle n'était plus autorisé a rester passer vingt heures. Pour une raison qui m'échappais, je ne pus faire autrement que de la suivre. Après avoir gravit derrière elle les trois étages d'un petit immeuble, je découvris ému l'intérieur de son appartement. C’était comme si il m'avait été donné de regarder en elle, au plus profond d'elle même. Alors plus rien ne mettais caché je connaissais tout de ses pensées les plus intimes et les plus secrètes, et chacun de ses fantasmes, chacune de ses peurs, chacun de ses rêves étaient pour moi un délice, un ravissement permanent pour mon âme qui selon toute vraisemblance semblait a nouveau ressentir. Je passais une semaine a décrire ses formes, a surveiller le moindre de ses gestes, a scruter toutes ses manies, ses tics et chaque expressions exagérées de son visage. Je l'avais observé cent fois allumer la cafetière puis se caler au fond de son vieux fauteuil, un livre a la main. Je l'avais suivit chaque jour ou qu'elle aille, simplement pour voir ses cheveux onduler a chaque brise. Je la désirais. J'aurais voulu lui parler, la toucher, sentir son parfum sur moi et enfin pouvoir lui dire tout cela sans l'entrave de la mort. Le sacrifice était grand mais je ne pouvais plus supporter calmement sa présence. Partager la même pièce était devenu impossible. Rien ne pouvait lui faire comprendre que j'étais là, rien aurait pu lui laisser imaginer l'intensité et la folie de mon amour pour elle. Je l'a laissais, un jour qu'il pleuvait. Elle était seule. Seule, et moi je partais. Elle resta assise dans son fauteuil alors que mon corps passa a travers la porte. Elle ne bougea pas. Je crois que c'est ce qui fût le plus dur. J'aurais peut être préféré des larmes, une séparation dans le bruit, les cries et les gémissements sonores d'une femme trompée, abusée et abandonnée, mais rien. Je partais, seul, sachant qu'elle n'avait pas su et ne saurait jamais.
J'étais de retour dans cette cage d’ascenseur aux quatre murs si commun, qui enfermait a nouveau mon âme solitaire. Je ne prêtais plus attention aux corps qui se précipitaient a l'intérieur, puis se bousculaient en sortant. Un matin parmi d'autre, un parfum envahi soudain l’habitacle, une odeur douce et sucrée, un plaisir olfactive sensuel et déroutant. C'était elle. Elle était plus belle que jamais. Nous étions a nouveau seuls dans la cage comme au tout premier moment. Elle semblait ressentir une certaine gêne au vue de cette intimité soudaine de nos deux corps si proche l'un de l'autre. Le sien, si frais et plein de vie et le mien, inexistant et décrépis. Un léger tremblement traversa son corps, et alors que les portes s'ouvraient et au moment ou elle sortait, elle se retourna, chercha du regard quelque chose, ou quelqu'un au fond de cette cage d’ascenseur vide, qu'elle ne trouva pas. Les portes se refermaient déjà et je cru bien, l'espace d'un instant, croiser son regard pour la première fois. Elle écarquilla les yeux, entrouvrit la bouche comme pour parler, mais trop tard, les portes s'étaient déjà refermées. Je sentis alors mon corps se disloquer, s'éteindre lentement puis disparaître totalement. Pas d’étincelante lumière, pas de tunnel a traverser, rien de douloureux, pas de flammes n'y de nuages blanc. Je partais. J'étais en paix, plus aucune souffrance ne me tourmentais. Les questions qui autrefois m'assaillais se turent soudainement. Puis je compris enfin pourquoi j'étais ainsi. Je compris que la seule raison de mon état de chose était « Elle ». On m'avais donné la possibilité d'entrevoir l'amour que je n'avais pu trouver de mon vivant. Ma mort serait désormais douce, car quel qu’en soit son but, je savais que je n'avais désormais plus qu'à l'attendre pour exister de nouveau.




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