vendredi 17 avril 2015

Avis à ceux qui aime lire. Besoin d'aide!

Bonjour, il y à quelques jours j'ai reçus par la poste une mauvaise nouvelle. Un concours, auquel j'avais participé, m'a renvoyé une réponse négative. Bref, perdre n'est pas une fin en soi, quoique l'annonce de la défaite apporte un apitoiement sur soi très dur à vaincre, Une fois vaincu celle-ci devient comme un carburant. Mais pour savoir où l'on à échoué il faut qu'on nous le dise. Voilà pourquoi je lance un avis à ceux et celle qui aime lire et qui saurons me donner des conseils constructifs. Merci d'avance à tout ceux qui se prêterons au jeu. (et si vous avez un conseil de titre) 




A chaque station le claquement brusque des portes qui s'ouvraient le faisait sursauter. Il cherchait sa sacoche sous ses jambes, vérifiait son portable dans la poche intérieure de sa veste puis reposait sa tête contre l’appui tête taché.
Le ballottement léger et incessant du train avait tendance à l'endormir. Il ignorait facilement le chaos permanent qui régnait tous les matins dans le wagon et tentait d'oublier l'amas de corps entassé autour de lui. Il somnolait ainsi jusqu'à la cinquième station où montait habituellement George. Il s'asseyait alors sans ménagement à ses côtés avec une énergie qui ne le quittait jamais. George était un de ces hommes qui ne semblent jamais dormir, sans pour autant en ressentir le moindre manque. Il devait de ce fait considérer que Jérôme non plus n'en n'avait pas l'utilité. George savait très bien où le trouver. Cela faisait maintenant quatre ans que Jérôme prenait ce train, montait dans ce wagon et s'asseyait à cette place. Pas un seul jour il n'avait changé cette habitude où ne serait-ce que songer à le faire.
George et lui était devenu inséparable. Pourtant leur amitié n'avait pas toujours été une évidence. Dans quatre stations Jérôme et George descendraient du train, traverseraient le quai de la gare bondé de monde pour descendre attraper de justesse le métro qui les conduiraient, avec la même monotonie que tout les jours, à leur bureau. Mais passé la porte de ce grand immeuble de verre, George deviendrais: Monsieur Hemery. Jérôme, quant à lui, resterait Jérôme. Leurs conversations deviendraient alors distante et empreinte de protocole et de politesse grandiloquente. Mais une fois à la machine à café, quand les regards se détourneraient, George et Jérôme redeviendraient amis. Leurs âmes d'adolescents ressurgiraient et leur complicité se recréerait le temps d'un café.
George était un battant, un dynamique, un audacieux. Autant de qualités qui lui avait permis de gravir les échelles que Jérôme n'avait fait qu’entrevoir. Cette promotion c'était Jérôme qui l'avait toujours convoité et avait travaillé bien plus que quiconque pour l'obtenir. Mais le tempérament plus ouvert et convainquant de George lui avait assuré cette facilité. Jérôme se demandais parfois si ce n'était pas cette pitié que George avait eu à son égard, qui s'était transformé, bien malgré lui, en amitié. Peu lui importait, aujourd’hui il étaient amis et c'est tout ce qui devait en rester.
Mais pour le moment Jérôme tentait de ce concentrer sur les masses astronomiques d'informations en tout genre que George lui débitait. Le train n'était plus qu'à deux stations de la gare. Encore une station et elle monterait à son tour. George lui cognerait le flanc de son coude, et comme chaque matin lui donnerait son conseil le plus censé :« Aller lance toi, va la voir ! ».
George était marié depuis dix ans. Il avait fini par oublier l'attrait véritable de l'amour et de cette sensation sublime et intense de croiser le regard d'une inconnue. Il s'était installé comme beaucoup de couple dans une routine romantico-dépressive qui ne les comblait qu'à moitié. Il subsistait pourtant toujours beaucoup de tendresse dans les mots qu'il disait à sa femme. Mais en eux même, chacun savait que l'incendie du premier regard, qui avait jadis brûlé en eux, s'était transformé en simple feu de cheminée. Celui-ci les réchauffait de sa douce chaleur les jours d'hiver sentimental, mais n'inspirait plus à leurs cœurs l'ardent désir mutuel qu'ils avaient ressentit l'un pour l'autre la première fois qu'ils s'étaient retrouvé seul. Jérôme lui avait vécu sa vie amoureuse comme une loterie malchanceuse. La vie l'avait amené à penser le contraire de ce qu'il chérissait. Le leurre de l'amour impossible avait grandie dans son cœur alors que l'idée même du grand amour, lui, n'y était toujours pas déraciné.
Cette femme, quant à elle, avait chassé ces doutes de son esprit et de son cœur. Cette inconnue aux long cheveux roux lui avait laissé entrevoir jour après jour un espoir bien plus puissant que l'accomplissement même de sa réalité. Demain se disait t-il, demain j'irais lui parler. Mais si seulement ses mots n'était pas les bons? Si soudain sa langue ne veuille plus que débiter des banalités ternes et platoniques? Que penserait-elle alors de lui? Non, demain, demain j'irais. Et chaque jour assis sur le même strapontin usé, il observait de loin sa belle inconnue trois rangées devant lui. L'odeur enivrante de son parfum semblait embaumer le wagon dès qu'elle y entrait. Il connaissait par cœur toutes ses paires de chaussures. Elle laissait habituellement traîner sa jambe dans l'allée, gênant sans s'en rendre compte les passagers pressés de sortir.
Ce jour elle avait relevé sa masse de cheveux en chignon laissant découvrir sa fine nuque. Les talons usés de ses vernies rouge claquait le long de l'allée. Elle s'excusait, plus que de mesure de déranger les voyageurs déjà assis, et s'asseyait chaque matin à cette place où elle plongeais ses rêveries dans la lecture passionnée d'un roman.
C'était habituellement à ce moment, quand elle lui tournait le dos, que Jérôme voulait se lever pour entrevoir une seconde de plus ce doux visage qu'il chérissait tant. Sa peau pâle teinté de fine taches de rousseur, ses grand yeux vert brillant et ses lèvres rouges écarlate, tout était majestueux en elle. Il aurait désirer fermer les yeux pour revoir comme un songe ce visage durant toute la journée. Même George n'aurais oser le contredire sur ce point: cette femme était magnifique.
Elle l'inspirait, en son cœur frémissant s'entrechoquaient mots et sensations qui ne savait prendre leur place que couché sur le papier. Il délivrait ainsi son âme lourde de sentiment le long de son stylo jusqu’à cette feuille de papier froissé, sur laquelle l'encre du stylo crachait en vague tout les mots que son être avait répété en lui même:
« Serait-ce raisonnable d'espérer que certain mots peuvent être dit à une inconnue sans qu'un nom ne soit prononcé, sans qu'une voie ne soit entendu, sans qu'un visage ne soit vu, sans même qu'un mot ne soit réellement prononcé. Serait-ce envisageable qu'une telle folie puisse conduire un inconnu à en connaître un autre?
Et si, ni la raison ni la décence, ni le bon sens ou même autre morale ne le permette, alors laisse moi au moins le mérite de mon seul courage de braver les interdits de la bienséance et passer outre les normes pour te les dires quand même. »
George regardait souvent au dessus de l'épaule de Jérôme lorsque celui-ci, trouvant l'inspiration, griffonnait son cahier. George ne comprenait pas toujours les envolées lyrique des pensées de Jérôme, mais s'il savait pertinemment ne pouvoir un jour arriver à une telle prose lui même, il savait en revanche apprécier à sa juste valeur chaque mot que Jérôme apposait sur le papier.
La voie nasillarde pré-enregistrée annonça le nom de la prochaine gare. George et Jérôme devaient descendre et la belle inconnue continuerait son voyage, seule.
Jérôme replia son cahier qu'il garda à la main et se leva sans dire un mot. Alors que la cohue se bousculait pour monter dans le wagon, Jérôme laissa échapper son cahier qui tomba dans le wagon et fut piétiné de toute part.
«  Laisse ! cria George toujours à l'intérieur, je te le ramène. »
Le physique impressionnant de George fit s’écarter tout les corps devant lui. Il se pencha et ramassa le cahier. Il était resté ouvert à la dernière page que Jérôme avait remplit. À cette instant il entrevit la possibilité d'accomplir ce que Jérôme n'oserait jamais. En une seconde décisive il déchira la page et glissa discrètement la feuille pliée en quatre dans le sac de la belle inconnue, qui ne s’aperçut de rien. Le son aiguë de la fermeture des portes retentit. Jérôme sur le quai, cherchait son ami du regard. George fini par sortir alors que les portes ce refermaient derrière lui, coupant dans son élan une jeune fille qui s'était réveillé un peu tard.
« J'ai bien cru que tu ne descendrais jamais »
George resta silencieux. Ce n'était pas dans ses habitudes et Jérôme le savait. La journée passa alors comme à son habitude dans une monotonie indescriptible de dossier à remplir et de collègue à supporter. Dans le train du retour, Jérôme ouvrit de nouveau son cahier. Il pris soudain peur en constatant la disparition de son écrit du matin. George semblait ne pas s’inquiéter de son agitation. Jérôme cessa sa gesticulation frénétique quand il vit que trois rangées devant, sa belle inconnu avait tronqué son livre du matin contre un morceau de papier déchiré, à l'écriture familière. Son cœur s'emballa, ses mains moites se mirent à trembler. Il saisit le col de George qui ne disait mot et lui demanda la voie entrecouper et suffocante : «  Tu n'as pas fait ça, dit moi que c'est un cauchemar, tu n'as pas osé ? »
George se dégagea de l’emprise de Jérôme d'un mouvement de recul puis fini par dire naturellement : «  Et bien quoi ! Elles sont pour elle toutes ces lettres, autant qu'elle en lise quelques unes. »
Jérôme cru s'évanouir, mais un détail l'en empêcha. En observant son inconnue, il cru apercevoir sur son visage un sourire suivit d'un léger rougissement, qui vint teinter ses joues pâles.
« Tu vois elle a l'air d’apprécier » renchéri George.
Lui aussi l'avais remarqué. Ce n'était donc pas que son imagination.
« Maintenant, continua George, le seul inconvénient c'est qu'elle y a pris goût. Il va falloir te remettre au boulot ».
Arrivé chez lui, Jérôme jeta sa sacoche, ouvrit son cahier et commença à remplir des pages entières de proses :
« Mot après mot, phrase après phrase, pensée échangée après pensée divulguée, les caractères se dévoilent, les personnalités se précisent, les espoirs se dessinent, les attentes se devinent. Le miroir d’antan dans lequel nous n’apercevions que le reflet de nos propres illusions s'affine, s'étiole, devient vitre à travers laquelle on sonde désormais l’esprit même et le cœur de ce qui avec le temps devient naturel, vrai, révélé, connu et reconnu. »
Les mots s'écrivaient seuls. Jérôme n'avait qu'à fermer les yeux, et au moment où son corps, dans ses moindres détailles réapparaissait comme juste devant lui, alors ses mots qui jadis était enfermés dans son esprit se libéraient et descendaient naturellement le long de son bras jusqu'à la feuille de papier. Ainsi chaque matin en descendant du train, George glissait habilement les billets soigneusement préparés. Jérôme n'en dormait presque plus. En pleine nuit il lui arrivait de se réveiller en sueur, il cherchait à tâtons son carnet de note pour y poser quelques mots que lui avait inspiré ses rêveries :
« Si ces mots existaient, s'il était acceptable de les prononcer. Si par de simple mots il était permis de connaître quelqu'un dans ses moindres détails, dans ses moindres recoins. Que ses pensées les plus intimes et les plus mystérieuses tout comme celles qui sont interdites pouvaient être entendu d'un inconnu, qui n'a pu voir que l’écorce d'un corps. »
Son exaltation était suprême et presque insoutenable lorsque chaque soir, il la revoyait lire et relire ces mots qu'il avait écrit pour elle.
Deux mois passèrent. George fini par lui dire ce qui devait être dit : « Il faudrait peut être aller la voir maintenant. C'est simple, si tu n'y vas pas, moi j'irais. »
« NON ! Supplia Jérôme, s'il te plaît ne fait pas ça. J'ai encore un poème à lui offrir. »
Celui ci devrait être le dernier. Il avait demandé à George de lui glisser ce mot dès qu'elle monterait dans le wagon. George se posta donc à l'entrée du wagon, puis faisant mine de la bousculer lui glissa le mot dans son sac. Jérôme attendait. L'inquiétude se lisait aisément sur son visage. Il retint sa tête devenu trop lourde dans ses mains et observa silencieux la moindre réaction de cette inconnue. Elle repoussa une mèche rebelle dernière son oreille, allongea ses longues jambes dans l'allée, puis voulu sortir son livre de son sac. En le sortant le papier plié en deux tomba de son sac. Le cœur de Jérôme se serra. L'avait-elle vu ? Le lirait-elle ? Elle ramassa la feuille de papier et la lu. Elle replia ensuite la feuille avec soin et la renferma dans son sac. Aucun sentiment, ne perturbait les traits sereins de son visage. Jérôme laissa tomber son visage dans le creux de ses mains. Sa respiration s'entrecoupa. Il compris que son audace dans ce dernier mot, l'avait fait perdre tout espoir.
George posa sa main sur l'épaule de son ami, laissa échapper un soupir et alors que les portes du train s'ouvraient à leur station lui pris le bras et le tira hors du wagon.
Sur le quai, les gens criaient, riaient, couraient, tout était si bruyant si plein de vie, alors que Jérôme lui se sentait dépérir à chaque pas qui l’éloignait du wagon. Une paire de talon couru derrière eux : « Attendez, s'il vous plaît »
George se retourna puis frappa l'épaule de son ami qui se retourna à son tour. Il se redressa, le souffle court, les battements de son cœur étaient si fort qu'il cru que la gare entière les entendaient. La femme s'approcha lentement, ses grands yeux brillaient de larmes retenues, dans sa main droite légèrement tremblante, elle tenait serré une vingtaine, non, bien une quarantaine de lettres. Elle les brandit puis demanda d'une voie saccadée : « Me le promettez vous vraiment ? »
Jérôme fit un pas en avant à son tour, il ne pouvait détourner son regard de ses yeux : « Chacun des mots que j'ai écrit, oui je vous les promets ».
Un sourire démesuré illumina le visage de la jeune femme, suivit de près par celui qui se dessina sur les lèvres de Jérôme. Il lui demanda ensuite : « Mais comment avez vous su que c'était moi ? ».
La femme lança un regard complice à George qui se tenait en retrait puis expliqua : « Votre ami m'avait expliqué la situation dès la première lettre. Ce ne sont ensuite que vos mots qui n'ont fait venir vers vous. »
Jérôme savait qu'il n'aurait pu avoir meilleur ami sur cette terre. Il avait formulé en son cœur des centaines de compliments qu'il aurait, sans mal, pu lui offrir. Mais comme un homme il se contenta d'un sourire amical. La femme sourie de plus belle et vint dans une frénésie sentimentale s'écraser dans les bras de Jérôme qu'il referma sur elle. Cœur contre cœur, Jérôme cru bien sentir qu'il battait désormais à l'unisson.
Un mot tomba de la main de la femme que George s'empressa de ramasser. C'était le dernier mot qu'il lui avait donné. La dernière promesse que Jérôme avait faite à son inconnue, qui désormais, ne l'était plus. George attiré par sa curiosité naturel voulu connaître les mots qui avait poussé une inconnu assise dans un wagon à en rejoindre un autre. Il déplia la lettre et lu :
« Que ton cœur ne s'offusque pas si en moi même cent fois j'ai rêvé de tes lèvres. Que tes joues ne s’empourprent pas si je t'avoue que des millions de fois j'ai, dans mes songes, toucher ton corps. Et s'il te plaît laisse moi de nouveau m'imaginer les jours ou nous serons vieux et où nous nous rappellerons avoir été jeune ensemble. Se rappelé de nos joies que je te promets, de nos baisers que je te donnerais, de notre mariage que je proposerais et de tous les jours suivant que nous rendrons inoubliables. Nous nous rappellerons sans peine ces jours entiers passés au lit à simplement se regarder. Allongés sur le lit nous nous contemplerons, libéré de tout préjugés, débarrassé de ces perpétuels et méprisant regard de ces corps devenus, tout deux vieux. Je me souviendrais de ton parfum qui couvrais les draps, m'habillait le soir venu, et courait le long de ton corps frêle. Je n'oublierais pas tous ces jours à me réveiller plus tôt pour admirer le soleil se lever sur ton visage. Toutes ces heures passés à te contempler, sereine, à mi chemin entre le sommeil et le réveil. Jusqu'à ce que le battement d'un cil, un soupir échappé, un mouvement hésitant, puis enfin tes grands yeux s'ouvrent au jour, au monde et surtout à moi. »



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